Contexte

Les questions et méthodologies de recherche se sont complexifiées au cours des dernières décennies. Pour obtenir des résultats concluants, par conséquent, les recherches scientifiques en santé doivent de plus en plus être basées des collaborations entre experts de plusieurs disciplines, établissements ou pays regroupés au sein d’équipes de recherche. Bien que le travail d’équipe dans le milieu de la recherche comporte de nombreux avantages sur le plan de la découverte scientifique, il n’est pas sans risques pour les membres individuels des équipes de recherche. Les préoccupations par rapport à la reconnaissance appropriée des contributions personnelles et — par extension — à l’avancement professionnel peuvent dissuader les bons chercheurs de participer à des recherches scientifiques collectives. Le problème est de savoir comment évaluer avec justesse les dossiers de recherche des demandeurs (d’avancement, de promotion, de titularisation ou de financement) qui ont consacré une partie importante de leurs activités à des recherches collectives. Cela concerne particulièrement les spécialistes (par exemple, les biostatisticiens, les communicateurs ou les bioéthiciens), dont la contribution est souvent essentielle à la réussite des projets dirigés par d’autres chercheurs. Globalement, les universités et les instituts de recherche, les organismes subventionnaires et les programmes d’octroi de prix et de bourses de recherche au Canada ont été lents à adapter leurs processus d’évaluation pour reconnaître la contribution individuelle des chercheurs à des recherches collectives.

Les facteurs qui entravent la juste évaluation du travail réalisé par chaque membre d’une équipe sont nombreux. Ils peuvent résider au sein de la structure des établissements, de la structure des comités d’examen comme dans le processus même d’évaluation des universités et des organismes subventionnaires. Ce rapport examine par conséquent ces facteurs sous trois angles différents : la culture et les comportements, les comités d’examen et l’évaluation. Des pratiques prometteuses et des recommandations sont également présentées et regroupées selon ces trois angles.

Cette évaluation avait initialement été proposée par l’Alliance canadienne pour la recherche sur le cancer, qui en a aussi été un des organismes commanditaires. Les autres commanditaires sont Alberta Innovates – Health Solutions, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de recherche du Québec – Santé, la Michael Smith Foundation for Health Research et la Nova Scotia Health Research Foundation.

Le mandat

L’Académie canadienne des sciences de la santé (ACSS) a mis sur pied un comité d’experts et l’a chargé d’examiner comment les établissements du système canadien de recherche évaluent et reconnaissent les contributions individuelles des chercheurs participant à des recherches collectives et de relever les pratiques prometteuses qui pourraient être utilisées pour améliorer ces processus d’évaluation et de reconnaissance.

L’ACSS a en particulier demandé au comité d’experts de préparer un rapport qui :

  • dresserait un inventaire des meilleures pratiques appliquées par les universités canadiennes et étrangères pour reconnaître le rôle de chacun des membres d’une équipe de chercheurs;
  • fournirait des recommandations pouvant aider les comités de promotion, de titularisation et de reconnaissance du mérite des universités et des instituts de recherche à élaborer leurs propres lignes directrices pour l’évaluation du rôle de chacun des membres d’une équipe de recherche;
  • aborderait le rôle que jouent les processus de promotion et de titularisation dans l’atteinte des objectifs que sont l’amélioration de la santé des Canadiens et la promotion de l’innovation dans le système de santé canadien;
  • relèverait les moyens que les comités nationaux d’attribution de prix et de bourses de recherche pourraient utiliser pour reconnaître les contributions des chercheurs individuels et des équipes de chercheurs considérés.

Constatations

La collaboration scientifique est indispensable aux efforts de recherche canadiens et une approche basée sur la collaboration est aujourd’hui essentielle dans bien des domaines pour générer certaines découvertes et innovations. Ce constat s’applique particulièrement au domaine de la recherche en santé, qui est de plus en plus complexe et multidisciplinaire. Globalement, le Canada a connu beaucoup de succès sur le plan de la recherche collective. Il ne fait aucun doute, cependant, que pour que soient adéquatement reconnues les contributions individuelles aux recherches collectives, les établissements d’enseignement et de recherche et les organismes subventionnaires doivent repenser la manière dont ces contributions sont évaluées. Les organisations doivent explicitement reconnaître les contributions apportées aux recherches collectives comme celles apportées aux recherches individuelles. Ces deux formes d’activité sont valables pour les membres des corps professoraux au Canada et sont toutes deux nécessaires pour faire avancer la recherche scientifique en santé.

Le rapport définitif formule 12 recommandations qui visent à favoriser une reconnaissance équitable des contributions individuelles apportées aux projets de recherche collective et à promouvoir la pleine et entière participation du Canada aux initiatives de collaboration scientifique qui se déploient actuellement dans le monde.

Report
Sommaire et recommandations
Report

Le comité d’experts sur la reconnaissance au Canada des contributions à des recherches collectives

Le comité d’experts comptait 10 membres du Canada et des États-Unis ayant des compétences et de l’expérience dans les domaines de la recherche en santé, de la collaboration scientifique, de l’administration universitaire et du fonctionnement des organismes subventionnaires.

  • Peter MacKinnon, O.C., président, recteur émérite, Université de la Saskatchewan; lauréat inaugural de la Bourse des premiers ministres du Canada, Forum des politiques publiques (2012 à 2014) (Canmore, Alb.)
  • Stephen Bornstein, professeur de santé communautaire et de sciences humaines et professeur de sciences politiques, Université Memorial; directeur, Centre de recherche appliquée en santé de Terre-Neuve-et-Labrador (St. John’s, T.-N.-L.)
  • Sarah Bowen, ex-professeure agrégée, École de santé publique, Université de l’Alberta; professeure auxiliaire, École d’épidémiologie et de santé publique, Université d’Ottawa (Ottawa, ON)
  • Holly J. Falk-Krzesinski, vice-présidente, alliances stratégiques, relations universitaires mondiales, Elsevier; maître de conférences auxiliaire, School of Professional Studies, Université Northwestern (Chicago, IL)
  • Sara Israels, vice-doyenne aux affaires académiques, Faculté Rady des sciences de la santé; professeure, Département de pédiatrie et de santé de l’enfant, Université du Manitoba (Winnipeg, Man.)
  • Joanne Keselman, vice-rectrice par intérim (administration) et ancienne doyenne et vice-rectrice aux affaires académiques, Université du Manitoba (Winnipeg, Man.)
  • Roderick R. McInnes, C.M., O.Ont., M.D., Ph. D., MSRC, MACSS, directeur, Institut Lady Davis, Hôpital général juif (Montréal, Qc)
  • Carol L. Richards, O.C., MACSS, professeure, Département de réadaptation, et titulaire de la Chaire de recherche en paralysie cérébrale de l’Université Laval, Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale, Faculté de médecine, Université Laval (Québec, Qc)
  • Lorne Tyrrell, O.C., AOE, MACSS, MSRC, directeur, Institut de virologie Li Ka Shing; professeur, Département de microbiologie médicale et d’immunologie; ex-doyen de la Faculté de médecine et de dentisterie, Université de l’Alberta (Edmonton, Alb.)
  • Peter Walker, MACSS, professeur de médecine, Faculté de médecine; ex-doyen de la Faculté de médecine, Université d’Ottawa (Ottawa, Ont.)